Immanouël Les rues où, Il est passé

Publié le par Marie-Anne Keppers

Rues de Jérusalem
Rues de Jérusalem

Lorsqu’Immanouël arrive à Jérusalem, les Romains occupent le pays depuis 63 ans, depuis que Pompée, à travers la Syrie, a porté la ligne Maginot romaine sur l’Euphrate, en brisant Mithridate et la dynastie perse.
En 43, c’est Antoine qui a installé Hérode comme roi de Judée. En son honneur fut baptisée Antonia la forteresse sur laquelle, au nord, s’appuie le Temple de Jérusalem. Symbole impeccable : cette forteresse, c’est la caserne du contingent d’occupation.
Le Temple, c’est le coeur de bronze du peuple juif.
Les souvenirs de violence sont encore récents. Les Parthes avaient pris la ville en -37 et les Romains, commandés par Sosius, général de l’empereur Auguste, avaient dû faire un nouveau siège de neuf mois. Machines de guerre, bombardements, assauts, combats de rue, beaucoup de mort.
Dans Jérusalem occupée se poursuit la vie de la ville, derrière les lourds remparts de pierre. Elle est fort active. On se bouscule dans les ruelles si étroites que s’y croisent avec peine les ânes surchargés. Comme c’est, toujours aujourd’hui, le cas en Orient, les métiers sont groupés par quartiers, suivant les corporations : bazar des forgerons (bruits d’enclumes et de marteaux), bazar des marchands de laine (fortes senteur de suint). Tanneurs. Cela pue. Cuisines en plein air. Odeurs d’encens, d’épices, de viande grillée. Beaucoup de presse, parfois une incroyable cohue. Beaucoup de bruit. Cris des troupeaux poussés vers le Temple. Sonneries des trompettes d’argent, aux trois pauses rituelles de la journée, plus à l’heure du sacrifice. Animation de paroxysme aux jours de fête, la Pâque, le Grand Pardon, les Tabernacles. Le site de la ville est abrupt ; la profonde vallée de Tyropéon sépare l’agglomération haute, à l’ouest, de la ville basse, à l’est.
La plus grande rue transversale reliant les deux est celle qui va du palais d’Hérode au Temple, qu’elle atteint par le pont du Xyste. (C’est de nos jours l’emplacement du bazar de Babes Sililsileh). Hérode le Grand, père du souverain actuel, qui porte le même nom, a dressé ses murs lourds près de l’actuelle porte occidentale conduisant à Lydda, du côté ouest de la muraille d’enceinte générale de la ville. C’est une forteresse orientale, close sur elle-même et puissante, dominée par les trois haute tours d’Hérode, Hippicus, Phasaël et Mariamne. Hérode le Grand fut un formidable bâtisseur ; il ne fit pas que son palais. Il restaura le fabuleux Temple qui domine toute la ville, plus vaste et plus splendide encore qu’il ne fut au temps légendaire de Salomon. Hérode avait de surcroît laissé en témoignage son immense tombeau, dessiné par lui-même (mais où, pour finir, il ne fut pas enterré), un théâtre, un aqueduc, un hippodrome, un monument au-dessus de l’entrée du tombeau de David. Cette métropole orientale, cette médina, est donc parsemée de monuments énormes et prestigieux, puissants pavés architecturaux qui la quadrillent et la jalonnent. L’urbanisme ne fut pas délaissé. Une rue à colonnades, bordées de boutiques, suit à peu près le fond de la vallée du Tyropéon : c’est la petite rue du marché. La grande rue du marché, elle aussi, bordée de colonnes, abritant d’innombrables échoppes, traverse toute la ville haute et les faubourgs. Elle coupe le site actuel du Bazar de la Porte de Damas. Dans ce beau paysage méditerranéen, dépouillé et notre, évoquant à la fois les terres arides d’Afrique, et celles, plus aimables, d’Italie ou de Provence, c’est donc une vraie capitale qui se dresse sur les collines, une ville qui en impose, de près et même de loin, surtout de loin, quand sa silhouette précise commence d’apparaître au voyageur.

 

tours d'Hérode
tours d'Hérode

 

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