Les Ancêtres de Jésus
Généalogie de Jésus dans l’évangile de Luc manuscrit du livre de Kells,
Irlande, vers 800 de l'ère chrétienne.
Généalogie de Jésus par Matthieu :
23 Jésus avait environ trente ans lorsqu'il commença son oeuvre. Il était, à ce que l'on pensait, fils de Joseph, qui était fils d'Éli,
24 fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de Joseph,
25 fils de Mattatias, fils d'Amos, fils de Nahoum, fils d'Esli, fils de Naggaï,
26 fils de Maath, fils de Mattatias, fils de Séméïn, fils de Josech, fils de Joda, 27 fils de Yohanan, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Chéaltiel, fils de Néri,
28 fils de Melchi, fils d'Addi, fils de Kosam, fils d'Elmadam, fils d'Er,
29 fils de Jésus, fils d'Éliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi,
30 fils de Siméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonam, fils d'Éliakim,
31 fils de Méléa, fils de Menna, fils de Mattata, fils de Natan, fils de David,
32 fils de Jessé, fils d'Obed, fils de Booz, fils de Sala, fils de Nachon,
33 fils d'Amminadab, fils d'Admin, fils d'Arni, fils de Hesron, fils de Pérès, fils de Juda,
34 fils de Jacob, fils d'Isaac, fils d'Abraham, fils de Téra, fils de Nahor,
35 fils de Seroug, fils de Réou, fils de Péleg, fils d'Éber, fils de Chéla,
36 fils de Quénan, fils d'Arpaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lémek,
37 fils de Matusalem, fils d'Hénok, fils de Yéred, fils de Malaléel, fils de Quénan
Généalogie de Jésus par Luc :
1 Voici la liste des ancêtres de Jésus-Christ, descendant de David, lui-même descendant d'Abraham.
2 Abraham fut père d'Isaac, Isaac de Jacob, Jacob de Juda et de ses frères ; 3 Juda fut père de Pérès et de Zéra — leur mère était Tamar —, Pérès fut père de Hesron, Hesron de Ram ;
4 Ram fut père d'Amminadab ; Amminadab de Nachon ; Nachon de Salman ; 5 Salman fut père de Booz — Rahab était sa mère —, Booz fut père d'Obed — Ruth était sa mère —, Obed fut père de Jessé,
6 et Jessé du roi David.
David fut père de Salomon — sa mère avait été la femme d'Urie — ;
7 Salomon fut père de Roboam, Roboam d'Abia, Abia d'Asaf ;
8 Asaf fut père de Josaphat, Josaphat de Joram, Joram d'Ozias ;
9 Ozias fut père de Yotam, Yotam d'Akaz, Akaz d'Ézékias ;
10 Ézékias fut père de Manassé, Manassé d'Amon, Amon de Josias ;
11 Josias fut père de Yekonia et de ses frères, à l'époque où les Israélites furent déportés à Babylone a .
12 Après que les Israélites eurent été déportés à Babylone, Yekonia fut père de Chéaltiel et Chéaltiel de Zorobabel ;
13 Zorobabel fut père d'Abihoud, Abihoud d'Éliakim ; Éliakim d'Azor ;
14 Azor fut père de Sadok, Sadok d'Achim ; Achim d'Élioud ;
15 Élioud fut père d'Éléazar, Éléazar de Matthan, Matthan de Jacob ;
Tentative de conciliation
Deux types d'argumentation ont été mis en avant pour expliquer la divergence des deux généalogies.
Filiations légale et naturelle
La double filiation en usage chez les Juifs, mais plus généralement dans tout le Proche-Orient, a été ainsi mise en avant. Si un homme marié était mort sans avoir eu de fils, son plus proche parent devait épouser sa veuve. Les enfants nés de ce mariage devaient porter le nom du défunt et hériter de ses biens.
Joseph, fils de Jacob selon la nature d'après Matthieu, aurait été grâce au mariage léviratique fils d'Héli d'après Luc.
C'est ce qu'explique Julius Africanus au début du IIIe siècle, qui semble utiliser des sources historiques ; celui-ci indique que :
la grand-mère de Joseph, Estha, a épousé d'abord Matthan, le descendant de Salomon selon Matthieu, dont elle aurait eu Jacob ; devenue veuve, elle a ensuite épousé Matthat, le descendant de Nathan selon Luc dont elle a eu Heli qui se serait marié et serait mort sans fils.
Sa veuve aurait épousé Jacob son frère utérin, selon la règle du lévirat. Joseph serait alors le fils légal de Heli selon Luc et le fils biologique de Jacob selon Matthieu.
La généalogie de Luc est-elle celle de Marie ?
Le dominicain Annius de Viterbe suggéra en 15025, que la généalogie dans Luc serait celle de Marie et non de Joseph. On peut noter ainsi que :
Saint Irénée a affirmé à plusieurs reprises que Marie était elle-même descendante de David et que
« C’est de Marie encore vierge qu’à juste titre il (Jésus) a reçu cette génération qui est la récapitulation d’Adam. »
.
Dans le récit de l’Annonciation, l’ange dit à Marie :
« Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père »
ce ne serait que par Marie qu’il pourrait être dit le véritable « fils de David », puisque quelques instants plus tard nous apprenions qu’il serait conçu du Saint-Esprit. Saint Irénée devait répéter que Marie était ce « sein de David », prédit par le psaume pour porter le Fils de Dieu.
Dans le Talmud de Jérusalem, Marie, mère de Jésus, pourrait être « Maryam fille d’Héli » mentionnée en Hagigah 77, 49,10,11. Héli est le diminutif d’Eliachim (« El (Dieu) élève »). Joachim (« YHWH élève ») a le même sens. Héli pourrait donc être le diminutif du nom du père de Marie, appelée Joachim dans la tradition chrétienne et dans de nombreuses sources dont la plus ancienne est le protévangile de Jacques. Toutefois, l'identification de « Marie fille d'Héli » citée dans le Talmud avec la mère de Jésus est débattue.
La généalogie de Matthieu serait davantage destinée aux Juifs afin de les convaincre que Jésus était bien le Messie attendu, le « fils de David », c’est-à-dire l’héritier légitime des rois de Juda. La généalogie de Matthieu implique le titre de Christ de Jésus, en tant que roi Oint du Seigneur. Jésus est identifié à un nouveau roi appelé Christ. Matthieu place sa généalogie au début de son évangile, plaçant les naissances les unes après les autres comme dans les actes publics, établissant ainsi que Jésus est héritier de David. La généalogie de Luc serait davantage destinée vers les chrétiens d'origine non juive, les « Théophiles ». Luc part du fait baptismal et remontre les générations.
D'après saint Augustin, Matthieu montre que Jésus est le fils de l'homme. Dans sa généalogie descendante, Jésus se charge des péchés des hommes, condition de leur rédemption. Selon le même, Luc montre que Jésus est fils de Dieu et le sauveur des hommes. Dans sa généalogie ascendante, Jésus purifie les hommes de leurs péchés après son baptême. La généalogie de Luc, comme l’enseignait saint Irénée, père de l’Église, serait la « récapitulation d’Adam » ; elle insisterait sur sa fonction sacerdotale et ferait apparaître que Jésus est en quelque sorte l’ancêtre d’Adam et par lui de tous les hommes. La généalogie de Luc implique de le titre de fils de Dieu pour Jésus, en ce qu'il est appliqué à Adam le premier de la lignée. Elle commence avec la voix divine disant au baptême de Jésus : « Tu es mon fils ». Finalité
Ces deux généalogies n'ont pas un objectif historique mais théologique qui demeure commun et réside dans l'affirmation de la foi en la messianité de Jésus : étant de la descendance de David, il peut devenir « Roi des Juifs ». Leur divergence viendrait des différences entre les communautés chrétiennes au sein desquelles les deux évangiles ont été composés et pour lesquelles ils ont été écrits.
Le Coran évoque la famille d’Imrân qui est mentionné de manière indirecte, présenté comme le « père de Maryam » et correspond donc à Joachim, époux d'Anne, de la tradition chrétienne. Tant les traditions musulmanes que chrétiennes sont confuses et peu claires au sujet de cette famille et des liens qui unissent ses membres. La présentation de Maryam comme sœur d'Aaron semble témoigner de l'influence de l'exégèse typologique chrétienne qui recherche dans l'Ancien Testament une préfiguration du Nouveau, dessinant une Marie archétypale appartenant aux deux récits qui se trouvent confondus dans le Coran.