Les mystères d’Éleusis

Ce sont les plus importants rites initiatiques de l’Antiquité. Ils proposaient à l’initié de connaître les secrets de la mort pour accéder à l’immortalité.
Perséphone, la déesse des Enfers, est traditionnellement représentée tenant à la main un épi de blé. Un symbole qui apparaît de manière récurrente dans les rites initiatiques d’Éleusis. Certains chercheurs se sont donc demandé si cette céréale n’entrait pas dans la composition du kykéôn, un breuvage que devait boire le futur initié aux Mystères. D’autant que le blé développait souvent à l’époque un champignon parasite, l’ergot, aux propriétés fortement hallucinogènes.

La réputation initiatique de la ville d’Éleusis, près d’Athènes, fut éclatante durant toute l’Antiquité, du monde grec à l’Empire romain, à tel point que plusieurs empereurs réclamèrent l’honneur d’être admis à ses Mystères. Malgré cette aura impressionnante, on ne sait que peu de choses des rites secrets qui y étaient pratiqués. On suppose qu’il s’agit, à l’origine d’un culte de la fertilité, sans doute venu de Crète et inspiré du mythe de Perséphone. En effet, cette dernière, enlevée par Hadès, était devenue malgré elle la reine des Enfers où régnait son ravisseur. 

Retrouvée par sa mère, Déméter, Perséphone finit par vivre une moitié de l’année sur terre et l’autre dans le royaume souterrain d’Hadès : elle symbolisait ainsi le passage des saisons et, surtout le retour tant attendu de la fécondité nourricière de la terre. Peu à peu, ce culte public de la fertilité se transforma en un rite initiatique de l’immortalité. Comme Perséphone, le futur initié devait traverser les ténèbres pour renaître à la lumière. On retrouve ainsi la structure de la plupart des initiations des sociétés ésotériques occidentales. D’après les rares indices disséminés dans les textes antiques, il semble que les mystères aient d’abord pour but de préparer symboliquement l’impétrant aux épreuves qui l’attendaient après la mort afin qu’il puisse gagner plus facilement le royaume de l’au-delà, comme le suggère l’Hymne à Déméter :

« Heureux celui des hommes qui a vu ces choses, Mais celui qui n’a pas eu part aux sacrements. Celui-là n’aura pas un sort égal dans les ténèbres de la mort. »

76-138 Hadrien : Empereur romain initié aux Mystères d’Éleusis.

46-125 Plutarque : Philosophe grec, prêtre d’Apollon à Delphes.

Le rite ésotérique actuel le plus proche des Mystères d’Éleusis est sans doute celui de l’initiation en franc-maçonnerie, où les épreuves symboliques que doit subir l’impétrant rappellent étrangement les rite de passage de la vie à la mort pratiqués à Éleusis.