Fils de Noé

Noé se remit à travailler la terre, et, le premier, il cultiva la vigne. Un jour, il but du vin sans en connaître la force et il fut surpris par l’ivresse. S’étant couché, il se découvrit pendant son assoupissement et resta nu dans sa tente. Cham, son fils, le vit dans cet état et courut, en se moquant, le dire à ses frères. Mais Sem et Japhet, mûs par le respect et l’amour filial, prirent un manteau, s’approchèrent à reculons et couvrirent leur père.
Noé, à son réveil, apprit la conduite de ses enfants et dit : « Maudit soit Cham dans sa postérité ! Qu’il soit à l’égard de ses frères, le dernier des esclaves ; que Sem et Japhet, au contraire, soient à jamais bénis ! » Cette grave parole n’a point cessé de se réaliser jusqu’à nos jours. Car la noire de l’Afrique, qui est la descendance de Cham, a toujours été plongée dans l’idolâtrie la plus grossière, en même temps qu’elle a été la proie de tous les conquérants et la fournisseuse d’esclaves des nations civilisées de l’Europe et de l’Asie.
Les enfants de Noé se multiplièrent et devinrent bientôt un peuple nombreux. Se trouvant trop à l’étroit dans les montagnes de l’Arménie où l’arche s’était arrêtée, ils descendirent dans les plaines de Sennaar, (pays de Schinear) qui leur offraient un séjour favorable. Arrivés là,  ils se dirent avec une orgueilleuse arrogance : « Fondons une ville, et construisons une tour dont le sommet s’élève jusqu’au ciel. Rendons ainsi notre nom célèbre avant de nous disperser par toute la terre. »
Mais Dieu arrêta cet orgueilleux projet ; il dit : « Descendons en ce lieu et confondons leur langage, de sorte qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. » Et il en fut ainsi. Au lieu de la langue universelle, parlée par tous, il y eut une multitude de langues et ils ne s’entendirent plus. La construction de la ville qui prit dès lors le nom de Babel (confusion), fut forcément abandonnée et les peuples se dispersèrent. La tour de Babel fut construite avec des briques cuites et du bitume. D’après St Jérôme, elle aurait atteint une hauteur de 4000 pas. Il paraîtrait qu’on en a découvert les fondations dans les ruines de Babylone, ville qui d’ailleurs tire son nom de Babel.
La postérité de Sem peupla la plus grande partie de l’Asie ; celle de Cham descendit vers l’Afrique ; et celle de Japhet prit possession de l’Asie-Mineure et de l’Europe.
Les hommes, après leur dispersion, ne tardèrent pas à oublier les enseignements de la religion primitive et se laissèrent de nouveau dominer pas les mauvais instincts de leur coeur. Ils abandonnèrent le culte du vrai Dieu et se mirent à rendre à des créatures les honneurs divins. Non contents d’adorer  le soleil, la lune et les astres, ils allèrent jusqu’à prodiguer leur encens à des animaux, à des plantes, à des statues inanimées (idolâtrie). Bien plus, ils poussèrent la folie et la cruauté jusqu’à répandre au pied de leurs fausses divinités, le sang des enfants et des prisonniers de guerre – Cependant au milieu des ténèbres et des horreurs de l’idolâtrie où tomba l’humanité, aucun peuple ne perdit totalement le souvenir des grands événements qui avaient marqué les premiers âges du monde. En effet, chez les peuple les plus barbares, on retrouve des traditions sur l’origine du monde, la promesse d’un Sauveur, le déluge universel, la lutte des Titans pour escalader le ciel (tour de Babel).
Afin de conserver au milieu de cette corruption universelle du paganisme, le trésor de la vraie foi et l’espérance au Rédempteur promis, Dieu se réserva un peuple Hébreu, et Abraham fut choisi pour être le père de ce peuple.
Nos parents ont toujours droit à notre respect et à notre amour. S’ils ont des défauts, nous devons les excuser et les amener à s’en corriger par notre affection et la prière. Apprenons en outre, que l’orgueil est souverainement détestable dans de faibles petites créatures et que Dieu refuse de bénir les entreprises que nous faisons par ambition ou vanité. Enfin, bénissons et aimons tendrement Jésus, le Dieu-Sauveur, qui, par le rachat de la rançon de notre vie, nous a a arrachés des ténèbres de l’idolâtrie et des horreurs païennes dans lesquelles croupissait le monde avant sa venue

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