4 Mars 2024
Si l’ésotérisme est la face cachée des religions, le gnosticisme est la face obscure et rebelle du christianisme. Apparus au 1er siècle après Jésus-Christ, au Proche-Orient, pour disparaître au Ve, les différents courants gnostiques sont un défi constant pour l’Église naissante.
En effet, les gnostiques mettent en évidence, dans la religion nouvelle, une faille théologique entre Jésus, dieu de l’amour dans le Nouveau Testament, et son père, Yahvé, dieu de la vengeance et de la colère dans l’Ancien Testament.
Cette contradiction, les gnostiques la radicalisent à l’extrême. Pour eux, il y a, d’un côté, la création terrestre, qui est l’oeuvre d’un démiurge – un dieu cruel et mauvais – et, de l’autre, le Christ, qui est le guide pour sortir hors de ce monde gangrené par le mal. Mais, pour pouvoir s’échapper de cet enfer, il faut avoir la compréhension ésotérique du message du Christ, ce qui explique le nombres important d’évangiles apocryphes, censés décrypter le véritable sens des paraboles de Jésus.
Pour les gnostiques, l’homme possède en lui une étincelle de son origine divine, mais le dieu mauvais l’a fait sombrer dans le matière, la prison de la chair, la camisole de l’ignorance.
Pour revenir vers la lumière, il faut franchir, à l’envers, toutes les étapes de notre chute, ce qui nécessite un enseignement initiatique et des pratiques ésotériques.
Souvent énigmatiques, mais toujours fascinants, les gnostiques, par leur refus du monde tel qu’il est, ont, eu une influence considérable sur l’évolution religieuse et philosophique de l’Occident.
Le mot gnostique, désigne à la fois des groupes spirituels en opposition au christianisme naissant et une doctrine ésotérique qui veut délivrer l’homme d’une monde dominé par le mal.
Si les gnostiques disparaissent officiellement au 5e siècle, combattus et vaincus par le christianisme triomphant, leurs idées, elles, continuent de se diffuser clandestinement et on en retrouve l’influence dans des courants spirituels dualistes comme le bogomilisme, dans les Balkans, dès le 10e siècle. Mais c’est avec les cathares, au Moyen-Âge, que l’idée gnostique d’un monde terrestre gouverné par le mal ressurgit et menace à nouveau l’Église catholique jusqu’au 14e siècle.
Milieu du 2e siècle Carpocrate : gnostique chrétien natif d’Alexandrie.
Même si le monde est créé par un démiurge mauvais, l’homme conserve en lui une parcelle – et donc un souvenir – de son origine divine. Alors, pour permettre à l’homme de remonter vers sa source, les gnostiques ont élaborés des systèmes, parfois très complexes, d’entités intermédiaires entre l’humain et le divin.