22 Mars 2024
Pentecôte de l’an 30 à Jérusalem. Les chefs et le grand prêtre sont ahuris et furieux : voici plus d’un mois qu’ils avaient réussi à étouffer “l’affaire Jésus” : profitant de l’effervescence de la fête de Pâque. Ils avaient soulevé la foule et avaient arraché au veule Pilate, le gouverneur romain, la mort de cet homme. Il était temps ! Depuis deux ans, cet obscur charpentier parcourait la Palestine suivi par le peuple. Les chefs religieux s’étaient bien demandé un moment s’il n’était pas le Messie, cet être mystérieux que Dieu avait promis d’envoyer un jour pour établir son Royaume. Mais eux, responsables du peuple et de la foi, s’étaient bien vite rendu compte que ce n’était pas possible : au lieu de chasser les Romains et de rendre à Israël sa puissance, il acceptait de payer l’impôt à l’empereur. Ils critiquait ouvertement la conduite de chefs, il fréquentait les pécheurs et les femmes de mauvaise vie, il se conduisait en maître dans le temple, en chassant les vendeurs…
Il était difficile de savoir exactement qui il prétendait être : quand des gens qu’il guérissait (car il faisait des miracles !) l’appelaient Messie ou Fils de David, il ne le refusait pas, mais répondait aussitôt qu’il devait mourir, il ne pouvait pas être le Messie, car le Messie ne pouvait pas mourir. Et pour comble, il avait une façon de parler et d’agir qui le mettait sur une sorte de pied d’égalité avec Dieu qu’il appelait “son Père”. Or, c’était le dogme fondamental de la foi juive : il n’y a qu’un seul Dieu.
Mais les foules le suivaient. Tout cela était très mauvais, car les Romains risquaient d’en prendre ombrage et de passer à la répression. “Il vaut mieux qu’un seul homme meurt plutôt que tout le peuple”, avait décidé Caïphe, le grand prêtre. Et Jésus avait été crucifié.
On pensait que tout était rentré dans l’ordre. Ses disciples s’étaient dispersés, retournant à leur ancien métier de pêcheurs en Galilée. Depuis quelques temps, ils s’étaient regroupés à Jérusalem, mais ils restaient enfermés dans une maison, car ils avaient peur.
Et voici qu’en ce matin de Pentecôte, ces paysans ignorant tout de la loi, se mettent à prêcher en plein coeur de Jérusalem, là où Jésus a été crucifié. Ils prétendent qu’il est vivant, qu’ils l’ont vu et ils accusent les chefs d’avoir mis à mort le maître de la vie!… Traînés devant le Sanhédrins (le grand conseil), ils tiennent tête ; on les flagelle ? Ils sont heureux ; on leur interdit de parler de Jésus ? Ils continuent,… et leur communauté dissidente fait de nombreux adeptes…
Nous avons du mal à percevoir aujourd’hui ce que cette attitude des disciples avait d’énorme. Supposons que, de nos jours, un chrétien se mettre à prêcher et que les chefs de toutes les Eglises, aussi bien catholiques que protestantes et orthodoxes, l’excommunient en déclarant qu’il ne parle pas au nom de Dieu…
Qui donc avait raison, de ces paysans ignorants ou des grands prêtres ? La question, depuis deux mille ans, ne cesse de se poser à chacun d’entre nous et, suivant la réponse qu’on y donne, notre vie en est changée. Pour y répondre, l’histoire nous fournit des éléments, mais finalement elle cède la place à la foi.
- Vers les années 30, un homme, nommé Jésus, a prêché suivi par des disciples ; il a soulevé l’enthousiasme de la foule. Les chefs de son peuple l’ont condamné à mort et il a été crucifié par les Romains.
- Après sa mort, ses disciples, à Jérusalem d’abord puis dans tout l’Empire romain, proclament qu’il est vivant, qu’il est le Fils de Dieu.
C’est deux faits, tout historien, croyant u non, les admet. Mais quel est le lien entre les deux ? Les disciples se sont-ils trompés , Faut-il les croire ? Nous quittons ici le domaine de l’histoire pour entrer dans celui de la foi ou de la non-foi.
Croire c’est faire confiance à ces disciples, reconnaître avec eux, en ce Jésus de Nazareth, le maître de vie.
La question nous est posé et nous ne pouvons pas ne pas y répondre.
Le Nouveau Testament nous propose la foi de ces disciples. Ils nous l’annoncent comme une Bonne Nouvelle, celle qui a transformé leur vie. Et nous savons que nous ne pouvons pas y adhérer sans être transformés nous aussi.
Puissions-nous, comme les disciples, entendre en nous cette unique question posée à notre liberté : “Quel est cet homme ?” et y répondre dans la vérité de notre conscience.