Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Gnose

La connaissance de dieu et de soi-même : L'Institution de la religion Chrétienne s'ouvre sur une phrase devenue célèbre:
«Toute la somme presque de notre sagesse laquelle, à tout compter, mérite d'être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties: c'est qu'en connaissant Dieu, chacun de nous aussi se connaisse».
Calvin veut dire qu'on ne peut vraiment se connaître soi-même si on ne connaît pas également Dieu. Il veut aussi dire que l'on ne peut authentiquement connaître Dieu si on déconnecte cette connaissance de Dieu de notre vie. On ne peut se connaître vraiment soi-même sans connaître Dieu. Cela signifie, par exemple, qu'on ne peut connaître la raison de tout ce qui ne joue pas dans nos vies, si on ne se place pas devant Dieu et ne reconnaît pas que nous sommes des pécheurs. On ne peut connaître vraiment Dieu sans aussi se connaître soi-même. Cela signifie, par exemple, qu'on peut faire toutes les théories les plus belles et les plus intelligentes qui soient sur ce que sont Dieu, la Trinité, chacune de ses personnes, les relations qu'elles entretiennent entre elles : si tout cela n'est pas en prise sur des questions fondamentales de toute vie humaine, cela ne sert à rien; ce n'est que du temps perdu, du divertissement. On remarquera que Calvin ouvre tout son ouvrage en s'intéressant essentiellement à la «connaissance». On aura compris qu'il ne peut pas s'agir chez lui seulement de connaissance intellectuelle, mais aussi d'une connaissance existentielle de Dieu ET de soi. Pourtant le choix du mot connaissance
- plutôt que celui par exemple de sentiment
- dénote que la connaissance existentielle de Dieu et de soi ne va pas sans une réflexion intellectuelle sur nos relations à Dieu et à nous-mêmes.
Un dualisme matière/esprit très prononcé prévaut chez les Gnostiques : La matière est intrinsèquement mauvaise, et la source de tout mal. Notons que ni chez les Platoniciens, ni dans la pensée zoroastrienne on ne trouve une telle dépréciation du cosmos[20].
C’est aussi sur cette dépréciation que portera l’essentiel de la critique de Plotin contre le Gnosticisme. Si la matière est mauvaise, c’est que l’acte de la Création de l’univers est lui aussi mauvais, et doit être attribué à une forme inférieure de la divinité, nommée le Démiurge, que les gnostiques identifient avec Yahweh, le dieu de l’Ancien Testament, rebaptisé Ialdabaoth, ou Yao. D’où la suppression de tout l’Ancien Testament dans le canon biblique établi par le chrétien gnostique Marcion au deuxième siècle. Dans le traité gnostique l’Hypostase des Archons (“la réalité des autorités”) Ialdabaoth blasphème même contre la divinité. Il est l’ennemi de Dieu. On retrouve Yaldabaoth dans un traité assez proche, probablement composé à Alexandrie vers la fin du 3e siècle, auquel on a donné le titre “Des Origines du Monde”, et qui est un résumé de toutes les idées gnostiques, rassemblant des éléments de la pensée juive, des motifs manichéens, des idées chrétiennes, des concepts philosophiques et mythologiques grecs, des thèmes astrologiques et magiques, des traditions égyptiennes[21].
Dans les Diagrammes Ophites, autre texte gnostique rapporté par Origène, on peut lire: “L’archon des soi-disant Archontiques est le dieu maudit des Juifs, qui fait la pluie et le tonnerre. Il est le Démiurge de ce monde, le Dieu de Moïse décrit dans son récit de la création”[22].
On ne saurait donc être plus éloigné du récit de la Création, dans Genèse 1:31 où il est dit:
“Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait, et voici: c’était très bon.”[23]
Le dualisme : le dualisme croit à l'existence d'un principe du bien, opposé à un principe du mal, les deux s'opposant. Devant l'imperfection du monde et le mal qui y existe, le dualisme refuse de croire en effet que Dieu a pu engendrer ce mal, d'où l'existence nécessaire d'un dieu mauvais, ou au moins imparfait et limité. Cette idée d'opposition entre deux principes opposés, dont l'un explique le mal, vient sans doute à l'origine du zoroastrisme perse, mais a été largement reprise par certains milieux du christianisme antique, dont certains ne sont pas strictement gnostiques, comme le marcionisme20.
Le gnosticisme réinterprète ces idées, liant le dieu bon au monde spirituel et le dieu mauvais (ou au moins imparfait et limité) à la création du monde matériel. Comme chez Marcion, le dieu mauvais/limité est généralement associé au dieu créateur de l'ancien testament, le dieu bon étant le véritable inspirateur du Christ. « Le monde gnostique est hanté par un dieu inférieur, un démiurge, ce « malin » dont parlait Jean. […] Ce monde-ci, marqué par la mort, s'oppose irréductiblement à ce monde-là [spirituel] où règne la vie. L'anticosmisme [l'opposition au monde matériel] génère en dernière instance un dualisme radical18 ».
Le mythe du Sauveur-sauvé : inspire le quatrième Évangile (le messager céleste descend pour apporter aux hommes la révélation divine); il y a, chez ces gnostiques, une réflexion profonde sur la personnalité de celui qu'ils nomment le "Sauveur". Selon Madeleine Scopello, le sauveur gnostique reste fondamentalement étranger au monde matériel. En effet, il est du monde spirituel, il est aussi appelé Christ. On retrouve ainsi ce thème : Le Sauveur descend sur terre pour le salut des hommes et à son tour, il assume, pour un temps leur destinée. Non dans le but de donner un sens au monde à la souffrance ici-bas, mais pour délivrer les parcelles lumineuses qui s'y sont dévoyées27.
Le seul "sens au monde à la souffrance ici-bas" est de permettre par l'expérience, la libération de l'esprit endormi en l'homme.
Le mythe de l'ascension des âmes : L’âme après la mort - L’homme est asservi aux puissances des cieux visibles qui l’ont façonné. Les gnostiques pensent pouvoir réduire leur puissance en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettent également en place des rites pour échapper aux égarements de "l’esprit contrefacteur". Au moment de la mort, un élu muni de tous les sacrements de la gnose fait son ascension à travers les cieux sans retour : il présente les sceaux aux gardiens pour que les portes lui soient ouvertes. Des autres, les moins souillés sont purifiés dans les purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère à l’autre lors d’une conjonction astrale. Mais bien des malheureux sont rejetés vers le bas, tourmentés en Enfer, avant d’être soumis à l’oubli de leur vie précédente et rejetés dans de nouveaux corps

A voir : La Gnose

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article