10 Juin 2024
"Ô Rome, unique objet de mon ressentiment..." Ce beau vers de Corneille qu'il prête à Camille, en ses imprécations fameuses, pourrait, à lui seul, résumer les sentiments bienveillants que porte à l'occupant romain le peuple juif de Palestine...
Il ne peut en effet tomber dans la franche hostilité d'une lutte ouverte : la puissance dominante est trop écrassante. Mais il n'est pas convenable, à l'inverse, de s'accomoder d'une situation de fait, désagréable ou vexante au début, mais dont on finit par se faire une raison, au fur et à mesure qu'elle dure et devient une habitude... Les deux peuples sont bien trop différents. Comme l'eau et l'huile, ils peuvent se superposer, mais non se mélanger. Et leur cohabitation ne peut être source que d'exaspération réciproque. Les Romains ont la force : ils mépriseront. Les Juifs ne l'ont pas. Ils vont ronger leur frein, et le ressentiment sera leur état naturel et constant.
Le petit royaume de palestine, marginal, à peine grand comme deux départements français environ, ne pèse évidement pas très lourd devant une puissance mondiale. Pour comble, les Juifs n'ont pas historiquement bonne conscience : certains d'entre eux, émus de leurs propres discordes, ont fait signe aux Romains.