Sacrifice d’Isaac

Ainsi que le Seigneur l’avait promis, un an après, Sara eut un fils, qui fut appelé Isaac.
Quand l’enfant fut devenu grand (25 ans), Dieu voulut mettre à l’épreuve la foi et l’obéissance de son serviteur Abraham et lui dit : « Abraham, prends ton fils unique qui t’est si cher ; va sur le mont Moria et là tu me l’offrira en sacrifice. » Abraham se leva sans répliquer, fendit le bois du sacrifice, sella son âne et partit avec Isaac et deux serviteurs.
Après trois jours de marche, le patriarche aperçut la montagne qui lui était destinée, et il dit à ses serviteurs : « Arrêtez-vous ici ; mon fils et moi, nous irons seuls sur la montagne pour adorer le Seigneur. »
Isaac se chargea du bois pour le sacrifice ; Abraham prit le feu et le glaive. Ils marchaient tous deux en silence lorsqu’ Isaac dit : « Mon père ! » « Que veut-tu, mon fils ? » « Voilà bien le feu et le bois, mais où est la victime ? » « Dieu y pourvoira, mon fils, répondit Abraham. » Lorsqu’ils furent au sommet de la montagne, le patriarche dressa un autel et disposa le bois ; puis faisant taire son coeur  de père pour obéir à Dieu, il lia son fils sur le bûcher et saisit son glaive pour l’immoler. Mais au  même instant Dieu fit entendre sa voix du haut du ciel : « Abraham, Abraham !… N’étends pas la main sur l’enfant et ne lui fais aucun mal ; car j’ai maintenant la preuve que tu crains ton Dieu et que, pour lui obéir, tu n’as pas même épargné ton fils. » Abraham regarda le ciel avec un profond sentiment de reconnaissance ; puis, s’étant retourné, il vit derrière lui un bélier qui avait les cornes embarrassées dans un buisson : il le prit et l’immola à la place d’Isaac.
L’ange lui parla une seconde fois et lui dit : »Je le jure par moi-même, dit le Seigneur, puisque, par obéissance pour moi, tu aurais sacrifié ton fils unique, je te bénirai, je multiplierai ta race comme les étoiles du ciel et les grains de sable de la mer. Et toutes les nations seront bénis par celui qui sortira de toi »
Cette soumission et cette confiance héroïque du père des croyants à l’égard de son Dieu, malgré l’ordre pénible qu’il en reçoit, ont fait l’étonnement de tous les siècles. La suite des événements a prouvé qu’il avait eu raison, et que nous ne pouvons jamais rien faire de mieux que de nous soumettre aveuglément à tout ce que le Seigneur ordonne. Par ce sacrifice d’Isaac, qui était la figure du sacrifice de son Fils sur la croix, Dieu a voulu préparer le monde aux grands mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. Car si Dieu s’est contenté d’éprouver la foi d’Abraham, lui même n’a pas épargné son Fils, pour racheter le monde. Quand Dieu nous demande le sacrifice d’une affection trop chère, n’hésitons pas : ce sacrifice sera suivi des plus précieuses bénédictions.