2 Février 2025
LUC 2, 25-39
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc – Chapitre 2
22 Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
23 selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.
24 Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
25 Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
26 Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
27 Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
28 Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
29 « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
30 Car mes yeux ont vu le salut
31 que tu préparais à la face des peuples :
32 lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
33 Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
34 Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
35 – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
La Présentation de Jésus au Temple est un récit dense et inspirant. Il est propre à Luc. La scène se passe dans un contexte solennel, au cœur même de la vie religieuse du peuple juif : le Temple de Jérusalem, haut-lieu du culte et de la présence du Dieu vivant. Elle comprend des personnages significatifs : des parents, Marie et Joseph ; un enfant, Jésus; deux prophètes âgés, Syméon et Anne; et d’autres anonymes. On se retrouve ainsi avec trois générations!
Les parents sont des fidèles respectueux de leur tradition religieuse; la Loi est mentionnée à cinq reprises. Ils accomplissent les rites prévus, touchant la purification de la mère et la présentation de l’enfant. Ce sont des gens de condition modeste, comme leur don (deux tourterelles) l’indique.
Le centre de tout ce récit est Jésus. Qui est-il? Les titres sont nombreux, indiqués par les révélations de Syméon et Anne et leurs fondements dans les Écritures : Christ (Messie), salut, lumière des nations, gloire d’Israël, signe de contradiction, libérateur de Jérusalem. Syméon et Anne ont en commun d’être des prophètes, des aînés, et des témoins d’une longue attente.
De plus, dans la vie de l’Église, ce récit se rattache à plusieurs fêtes. Dès l’antiquité chrétienne, la Présentation de Jésus était célébrée, 40 jours après la Nativité. Depuis le Moyen Âge, elle a été associée à la Chandeleur, la fête des chandelles, avec des rites de lumière et diverses coutumes locales. Depuis 1997, Jean-Paul II a fait du 2 février la Journée de la vie consacrée, soulignée par des activités dans les communautés religieuses et diocèses. Au Québec, c’est aussi le Jour de la Marmotte! Dans le rosaire, la Présentation de Jésus est le quatrième mystère joyeux. La prière de louange de Syméon (2, 29-32), le Nunc dimittis, fait partie de la Liturgie des Heures; elle est récitée chaque soir à la prière de Complies. Avec tout cela, il y a de quoi s’occuper !
Le prophète Syméon
Syméon est un homme juste et pieux. Le qualificatif de juste est très fort: c’est quelqu’un qui vit pleinement l’Alliance avec Dieu et avec son peuple. Il est employé en Mathieu pour qualifier Joseph. Et il est pieux, i.e. religieux, connaissant et pratiquant de façon fidèle les observances de la tradition juive. C’est vraiment un homme de foi.
Luc mentionne trois fois l’Esprit Saint à propos de Syméon. On ne peut dire plus clairement qu’il est un prophète. Il annonce et dévoile la réalisation d’une espérance. Sa prière de bénédiction exprime sa joie et sa gratitude; elle est proche de celle du père de Jean-Baptiste, Zacharie (1, 67-79), qui prophétise lui aussi, parlant de salut, et qui est rattaché au temple. Ainsi, en sa personne, Syméon résume toute l’histoire de son peuple, de sa quête; il est comme le témoin privilégié de la première alliance, et de ses Écritures (Ancien Testament) proclamant que Dieu a réalisé sa promesse et qu’elle est universelle, pour tous les peuples.
Pourtant, le seul signe qu’il voit, c’est un enfant d’une famille pauvre; rien de majestueux ou de royal. Il voit le Messie en cet être fragile qu’il tient dans ses bras. Cela ressemble aux bergers célébrant la joie de la Bonne Nouvelle et n’ayant comme signe qu’un enfant emmailloté dans une mangeoire (2,12). Syméon est un homme d’espérance.
Il sait aussi que la vie de ce Messie ne sera pas un tranquille voyage; l’Oint rencontrera l’adversité et suscitera la division, comme il le dévoile à Marie qui en sera marquée. Il voit plus loin, dans l’espérance, mais sans illusions. C’est un homme habité par la sagesse.
Son être a été façonné par une longue attente. Il est rendu à un âge avancé et voit enfin ce qu’il a attendu patiemment. Car Syméon est un homme de la patience. Comme le pape François l’a dit dans son homélie du 2 février 2021 (à chaque 2 février, le pape commente le récit de la Présentation!) : « La patience de Syméon est donc un miroir de la patience de Dieu. De la prière et de l’histoire de son peuple, Syméon a appris que Dieu est patient … La patience nous aide à nous regarder nous-mêmes, nos communautés et le monde avec miséricorde. »
Syméon, un juste et un prophète, un homme de foi et d’espérance, de sagesse et de patience. Je peux alors bénir Dieu avec Syméon et dire : Maintenant Maître, …