16 Février 2025
Chaque année entre février et mars, plusieurs villes du monde vivent au rythme des fanfares et des défilés et s’habillent de costumes colorés : c’est le Carnaval !
Depuis l’Antiquité, on retrouve à plusieurs endroits en Europe des traditions festives impliquant l’inversion des rôles dans la société, des défilés et de la musique. Ces fêtes constitueraient les prémices du Carnaval actuel.
Au 2ème siècle avant J-C, Babylone célébrait la déesse de la fécondité Anaïtis et le début du printemps lors de festivités appelées les Sacées. Pendant cette période qui durait 5 jours, les rôles étaient inversés : les esclaves prenaient la place des maîtres, les enfants celle des adultes, les femmes celle des hommes. Un condamné à mort était même nommé roi avant d’être exécuté.
Le début du printemps était l’occasion de célébrer à Athènes les Grandes Dionysies, connues par la suite sous le nom d’Anthestéries. Les grecs y fêtaient Dionysos, le dieu de la fécondité, du vin et de la nature. Les festivités étaient marquées de défilés, de musiques et de représentations théâtrales.
Du côté de l’antiquité romaine, les origines du Carnaval se retrouvent dans la fête des Saturnales. Ces grandes festivités en l’honneur de Saturne, dieu de l’agriculture et du temps, durent 8 jours et ont lieu au solstice d’hiver. Bien que la période ne soit pas la même que celle de notre Carnaval actuel, on y retrouve l’inversion des rôles et l’élection d’un faux roi. Les esclaves sont alors libres de parler et d’agir comme ils le souhaitent et se font servir par les maîtres. Les festivités sont accompagnées de grands repas.
Le Carnaval pourrait aussi trouver ses origines dans les Lupercales, ces festivités ayant lieu à la mi-février en Rome Antique en l’honneur de Faunus, le dieu de la forêt, de la nature et des troupeaux.
Une fête en lien avec la religion catholique. Au Moyen-Âge, l’Église catholique s’approprie peu à peu les festivités d’origines païennes pour les faire coïncider avec la liturgie chrétienne. Le Carnaval est ainsi fixé de l’Epiphanie (le 6 janvier), au Mardi gras, qui a toujours lieu 41 jours avant Pâques. Cette période de fêtes costumées et de libertés, qui se développe entre le 11ème et le 13ème siècle, est encadrée par l’Église, mais considérée comme nécessaire pour éviter les révoltes du peuple.
Le mot « carnaval », issu de l’italien « carne levare », signifie « retirer la viande ». En effet, le carnaval devient la période où tous les excès de nourriture sont permis avant de devoir s’en priver, en particulier la viande. Les festivités culminent avec le Mardi gras, avant d’entrer dans la période du Carême, un temps de jeûne de 40 jours avant Pâques, introduit par le Mercredi des cendres. Le Mardi gras consiste alors à vider les réserves de nourritures grasses. C’est pourquoi il est de tradition de manger des crêpes à cette occasion.
Le Carnaval a aussi absorbé une fête qui avait lieu du 13ème au 15ème siècle, appelée la Fête des fous. Il s’agissait pendant la période de l’Épiphanie, d’élire un roi de pacotille et d’inverser les rôles dans la société. Les festivités comprenaient également des mascarades, des scénettes de rues burlesques jouées masqués.
Pourim est une fête juive qui s’apparente fortement au Carnaval. Elle est célébrée chaque année pendant le mois d’Adar selon le calendrier juif, donc en février ou en mars selon notre calendrier. Cette fête commémore l’histoire de la reine Esther qui a sauvé les hébreux de Perse et de Médie de l’extermination prévue par le roi Haman au 4ème siècle av. J-C.
Pourim est la fête juive la plus joyeuse. La nourriture est offerte et consommée en excès, l’alcool circule, les enfants se déguisent, les rôles sont inversés et la transgression de certaines règles bibliques autorisée. A Tel Aviv, le jour de Pourim fait l’objet de défilés en somptueux costumes colorés.
Le Carnaval étant pendant des siècles une fête essentiellement catholique, celle-ci s’est répandue dans le monde au grès des colonisations européennes. C’est ainsi que voient le jour le carnaval de Santa Cruz de Tenerife, le carnaval de la Nouvelle-Orléans, le Festival d’hiver de la ville de Québec ou encore le carnaval de Barranquilla.
La première mention qui est faite du carnaval de Venise date de 1094, mais les costumes ne sont autorisés qu’en 1269. Dans les premiers temps du carnaval, celui-ci était l’occasion de jouer au mattacino, un jeu qui consistait à lancer des œufs remplis de parfum d’eau de rose sur les demoiselles par des gens déguisés en clowns. Mais le jeu finit par être interdit par le gouvernement.
Au fil du temps, le carnaval de Venise devint synonyme de joie, de séduction et de liberté d’expression. Reconnu officiellement et mondialement en 1980, celui-ci dure 10 jours et attire des touristes du monde entier. Les festivités sont lancées par un cortège de bateaux nommé le « vol du rat », car mené par l’effigie d’un rat. L’explosion de la figurine dans une pluie de confettis donne le coup d’envoi du carnaval.
Le carnaval de Venise est connu pour ses costumes emblématiques : la bauta pour les hommes (cape noire, tricorne et masque blanc), la moretta pour les femmes (masque de velours noir), ainsi que ceux inspirés de la Comedia dell’Arte : Arlequin, Colombine, Polichinelle, le médecin…
Le Brésil comprend plusieurs carnavals célèbres, comme ceux de Sâo Paulo, de Recife ou de Salvador de Bahia. Mais c’est le carnaval de Rio qui est le plus connu.
Introduit au Brésil au 16ème siècle par les colonisateurs portugais avec la fête de l’Entrudo, ce carnaval est particulièrement célèbre pour ses défilés des écoles de Samba et ses costumes extrêmement colorés. Le Carnaval de Rio dure 4 jours, juste avant le Mercredi des cendres.
Les carnavals en France :
Le carnaval de Paris
Le carnaval de Nice
Le carnaval d’Annecy
Le carnaval de Dunkerque
Le carnaval de Granville
Avec le temps, le Carnaval est devenu une fête permettant de lier les différentes communautés et de mêler les influences culturelles. C’est le cas notamment du carnaval de Notting Hill qui se détache totalement des origines religieuses puisqu’il a lieu le dernier week-end du mois d’août. Créé en 1964, il a permis aux immigrés des Caraïbes de s’intégrer dans ce quartier défavorisé.
Il en va de même pour le carnaval de Trinidad et Tobago, aux influences multiples : planteurs français, colons espagnols et français, esclaves africains, travailleurs indiens et différents groupes ethniques. Il est particulièrement réputé pour ses costumes et pour être le berceau du calypso et du steel pan.
Depuis la création du Carnaval, jusqu’au 19ème siècle environ, le déguisement permettait d’inverser les rôles dans des sociétés très normées. Le peuple pouvait ainsi prendre l’apparence des puissants ou des religieux et s’en moquer gentiment, ou bien les hommes et les femmes pouvaient se travestirent à des époques où cela était interdit le reste de l’année.
Aujourd’hui, les sociétés étant plus égalitaires, le costume a perdu son sens politique. En se déguisant, il s’agit maintenant seulement de s’amuser, de se glisser pour quelques heures dans la peau d’un autre personnage, ce qui est particulièrement apprécié des enfants.
Le déguisement sera souvent accompagné d’un masque ou d’un maquillage.