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Une race qui n'a pas de frontière

Ils ont même l'incroyable audace, eux les Juifs demi-citoyens, tenus en lisière, de faire secrètement de la propagande poour leur croyances. La langue grecque, la plus courante en Méditerranée, qu'il maîtrisent parfaitement, les y aide. Une traduction de la Bible en grec, dite "des Septante", circule même un peu partout. Ils rédigent des écrits de propagation de leur foi, des tracts, dirait-on aujourd'hui.

Ils recrutent enfin deux catégories de disciples, inférieurs, les craigant-Dieu, et pleine et entière, les prosélytes. (Ce qui, à la lettre, veut dire : les nouveaux venus). Oui, le prosélytisme est courant : en devenant progressivement une race internationale. Les Juifs se sont affermis dans leur assurance secrète de seuls détenir le message de la vérité absolue, pure comme l'éther : la voix de Dieu même. Ils se donnent le devoir de la faire connaître partout. Ils ont une mission !

Minorité fanatique, les Zélotes sont partisans de la résistance armée. Ils en viendront plus tard à monter des coups de main. Armés de la "sica", le court poignard latin, ils forment dans la nuit des commandos de sicaires, qui font brièvement passer de vie à trépas les sentinelles isolées, et les coreligionnaires un peu mous, qu'on juge excessivement collaborateurs avec l'occupant.

En général, sans parler des pontifes et des rois, qui doivent aux Romains l'obséquiosité pour conserver leur charge, c'est chez les nantis qu'on trouves les suppôts de l'occupant : ce sont eux qui ont des bien à préserver, ce pourquoi la bienveillance de la police n'est jamais inutile. En revanche, le petit peuple, comme toujours, adore les trouble-fête et les redresseurs de torts, et les Zélotes sont ses héros quotidiens.

Il faut dire que les Romains dérangent tout le monde. Personne n'aime payer au fiscus, c'est-à-dire au collecteur d'impôts. Personne n'aime avoir à se déplacer périodiquement, pour rejoindre le bourg de sa naissance, à l'occasion d'un de ces recensements qui permet à l'administration romaine de mettre à jour sa connaissance de la population. C'est sur ce mécontentement que comptent les Zélotes pour égaler leurs modèles : les Maccabées.

 Philon
Philon

Un intellectuel d'Alexandrie

Il est rare qu'un Juif ne s'exprime qu'en grec et supporte sans la moindre irritation l'ordre romain. Sauf s'il vit à Alexandrie, ce qui est le cas du philosophe Philon (-13, +60).

Sa famille est riche et influente. Son frère ainé a fourni l'or et l'argent qui recouvrent les portes du Temple: il a également prêté de l'argent au fils d'Hérode le Grand, Agrippa Ier.

Tout au long de sa vie, Philon s'efforcera de concilier la philosophie platonicienne qui le séduit et la Bible à laquelle il reste indéfectiblement attaché. Il en résultera un ouvrage capital : "Le commencement allégorique de la Genèse".

Mais voici qu'à cinquante ans, Philon est amené à intervenir dans la défense des intérêts de ses coreligionnaires. La crise est sérieuse : les habitants grecs et égyptiens d'Alexandrie ont bloqué les Juifs dans leur quartier et les affament. Ceux qui s'aventurent hors du ghetto sont aussitôt massacrés. Le gouverneur romain, Flaccus laisse faire.

Les Juifs décident d'en appeler directement à l'empereur. A la tête de la délégation envoyée à Rome : Philon. Le nouveau César, Claude, est un ami d'Agrippa, celui précisément qui doit de l'argent au frère de Philon. Dès lors, tout s'arrange.

Habile négociateur, érudit brillant et opulent. Philon d'Alexandrie est né presque en même temps que Jésus, mais alors que l'un termine une époque, celle de la brillante civilisation hellénistique, l'autre en ouvre une nouvelle, la sienne.

 

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